Beaucoup de gens prétendent « croire au Christ », mais refusent d’admettre l’Église. Ils la considèrent comme une institution purement humaine. Ils pensent qu’on peut être chrétien sans appartenir à une église. Ils diront facilement : « Le Christ n’a certainement pas eu l’idée de faire dispenser sa doctrine par des fonctionnaires et des organismes ecclésiastiques. »
Mais on peut prouver que le Christ a voulu établir une Église.
Cette Église est composée d’hommes (avec leurs qualités et leurs défauts) et elle peut donc, parfois, apparaître décevante (« Partout où il y a de l’homme, il y a de l’hommerie », disait Montaigne), mais elle a été fondée par le Christ. Il l’a chargée – et elle seule – d’annoncer sa doctrine et de procurer le salut.
I. — Une Église annoncée et préparée dès l’ancien Testament
Toute une série de prophètes ont annoncé la venue du Messie : Jésus.
Ils ont aussi annoncé l’Église que Jésus devait fonder.
1. Les prophètes ont annoncé une société religieuse dirigée par le Messie (le “Royaume de Dieu“)
a) Les prophètes de l’Ancien Testament avaient annoncé pour le temps du Messie un nouveau Royaume de Dieu qui devait embrasser tous les peuples (Isaïe II, 2-4 ; Isaïe LX ; Michée IV, 1-3).
b) Or Jésus prêche ce royaume messianique : le Royaume de Dieu, qu’il appelle aussi le Royaume des cieux (Mt IV, 17). Ses miracles manifestent l’arrivée du Royaume de Dieu (Mt XII, 28). Ses paraboles décrivent ce royaume (qui n’est pas exactement ce que certains Juifs s’étaient imaginé).
c) D’abord, le Royaume de Dieu annoncé par le Christ ne doit pas être réservé strictement au peuple juif ; il doit être vaste comme le monde. Dans la Parabole du semeur, Jésus dit que « le champ, c’est le monde » (Mt XIII, 38). Le Seigneur envoie des messagers aux gens qui se trouvent « dans les places et dans les rues, sur les chemins et le long des clôtures » (Luc XIV, 21-23). Les invités viendront « du Levant au couchant » (Mt VIII, 11). Le Seigneur envoie ses disciples jusqu’aux extrémités de la terre et jusqu’à la fin des temps (Mt XXVIII, 19).
2. Un royaume à la fois intérieur et extérieur
Le Royaume de Dieu ou « royaume des cieux » offre un aspect extérieur et un aspect intérieur :
a) Les conditions pour entrer dans ce Royaume sont à la fois intérieures (la foi, qui est spirituelle) et extérieures (le baptême, qui est un rite sensible) : Jean III, 16 ; III, 5-8.
b) Le Royaume est un mystère (Mt XI, 25) mais il doit être confessé publiquement devant les hommes (Mt X, 32).
c) C’est une communauté intérieure et spirituelle (Luc 17, 21) et c’est pourtant « une ville sur la montagne », visible à tous (Mt V, 14).
3. Ce royaume, c’est l’Église !
Plusieurs fois le Christ appelle ce Royaume de Dieu “Église” :
a) Déjà dans la Bible, avant Jésus, le mot hébreu “quahâl” signifiait “assemblée” (“Quéhal Yahvé” = peuple de Dieu).
b) Les traductions grecques de la Bible rendaient ce mot hébreu par “Ekklesia” (du verbe ekkalein = convoquer). Par ce terme politique qui signifiait la communauté des “convoqués” (c’est-à-dire les citoyens électeurs de la cité grecque invités à l’assemblée par le héraut) on désignait le peuple de Dieu : des « appelés ».
c) C’est ainsi que le Christ emploie le mot « Église », en déclarant : « Sur cette pierre je bâtirai mon Église » (Mt XVI, 18). De même qu’il y avait avant Jésus, dans l’Ancien Testament, le Peuple de Dieu (= le peuple juif), le Christ veut constituer son Peuple, son Église (mais qui s’étend désormais à toutes les nations, et plus seulement aux Juifs).
d) Le Christ emploie le mot « Église » une autre fois (Matthieu XVII, 17) : « Si quelqu’un refuse d’écouter l’Église, qu’il soit pour toi comme le païen et le publicain ! »
II. Une Église fondée et organisée par le Christ
Le Christ donne à son Église une organisation bien nette :
1. Le Christ établit une hiérarchie
a) Parmi les soixante-douze disciples, Jésus en choisit douze comme « Apôtres » (Marc III, 13-19);
b) Jésus donne aux Apôtres une formation spéciale (Mt XIII)
c) Jésus envoie les Apôtres prêcher et guérir (Luc IX, 1-6).
2. Le Christ confie à cette hiérarchie les rites du Royaume de Dieu
a) On entre dans le Royaume par le Baptême, dont l’administration est liée à des signes et des paroles, que Jésus confie à ses Apôtres (Mt XXVIII, 19 ; Jean III, 5).
b) On est incorporé pleinement dans le Royaume par l’Eucharistie, rite que le Christ confie aussi aux Apôtres (Jean VI, 53-57; Luc XXII, 19s).
c) Jésus donne aux Apôtres le pouvoir de ressusciter les âmes de la seconde mort, c’est-à-dire du péché : par la pénitence (Jean XX, 22).
3. Le Christ transmet son autorité à cette hiérarchie
a) Jésus transmet aux Apôtres son autorité de pasteur (Mt XVIII, 17-18)
b) Il leur donne le pouvoir d’enseigner : « Qui vous écoute m’écoute. » (Luc X, 16).
c) Finalement il leur donne tout pouvoir et il les envoie dans le monde entier : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc. De toutes les nations faites des disciples, les baptisant au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et voici que moi, je suis avec vous toujours jusqu’à la fin du monde » (Mt XXVIII, 18-20). — « Et moi, je dispose pour vous du Royaume comme mon Père en a disposé pour moi. « (Luc XXII, 29) — « Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. » (Jean XX, 21).
d) De quel « envoi », de quelle « mission » s’agit-il ? — Réponse : « Le Fils de l’homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu. » (Luc XIX, 10). C’est pour cela que les Douze doivent être munis de la force du Saint-Esprit (Act I, 6-8).
III. Une Église continuée jusqu’à aujourd’hui
1. Les Apôtres exercent leur autorité sacerdotale
a) La primitive Église, telle qu’elle nous apparaît dans les Actes des Apôtres et les Épîtres des Apôtres, est « la communauté des baptisés et des croyants » (Act II, 37-47), sous la conduite des Apôtres et des Disciples (Act VI, 2-4).
b) Les Apôtres se considèrent comme mandatés par le Christ, « par qui ils ont reçu grâce et charge d’apôtre pour amener en son nom tous les païens à l’obéissance de la foi » (Rom I, 5) comme « des serviteurs du Christ et des intendants des mystères de Dieu » (I Cor IV, 1) comme « en ambassade pour le Christ, et comme si Dieu exhortait par eux » (II Cor V, 20) comme chargés « du mystère de la réconciliation » (II Cor V, 18).
c) Pour accomplir cette mission reçue du Christ, ils partent prêcher partout (Marc XVI, 20), ils baptisent (Act II, 41) ils célèbrent l’Eucharistie (Act II, 42-46 ; XX, 7), ils rendent la justice et punissent (I Cor V, 3-5).
2. Les Apôtres transmettent leur autorité sacerdotale
a) Les Apôtres ne se contentent pas d’exercer les fonctions ecclésiastiques leur autorité : ils les transmettent aussi (Act VI, 6 ; XIV, 23). Au fur et à mesure que l’ Église s’accroît en nombre et en extension, les Apôtres se désignent des auxiliaires et des successeurs. La mission de l’Église passe sans cesse des Apôtres à de nouvelles générations.
b) Auprès des Apôtres apparaissent donc dans la primitive Église des « Presbytres » ( = anciens) (Act XV, 22 ; I Pierre V, 1-12 ; Jac V, 14). D’après leur fonction, ils sont appelés aussi soit « évêques » ( = surveillants) (Act XX, 28), soit « diacres » (Act VIII, 5).
c) Ces collaborateurs sont choisis par la communauté, mais ils reçoivent des Apôtres leurs fonctions et leurs pleins pouvoirs (Act, VI, 6 ; XIV, 23). Ils transmettent leurs pouvoirs à d’autres. Paul transmet à Tite et à Timothée le pouvoir d’enseigner (II Tim IV, 2-5), le pouvoir pastoral (I Tim V, 19-21 ; Tite, II, 15) et la puissance sacerdotale (I Tim V, 22 ; Tite I, 5-9).
3. La hiérarchie de la primitive Église
a) Clément de Rome (mort en 97), disciple direct des Apôtres, écrit :
« Prêchant à travers les villes et les campagnes, ils éprouvèrent dans le Saint-Esprit leurs prémices, et les instituèrent comme évêques et comme diacres des futurs croyants » (Cor XLII, 4).
Et encore :
« Nos Apôtres avaient appris de Notre-Seigneur qu’il surviendrait des difficultés au sujet de l’épiscopat. C’est pourquoi ils instituèrent, après s’être bien informés sur leur compte, ceux qui étaient tout d’abord désignés, et posèrent ensuite cette règle que, ces premiers étant morts, d’autres hommes éprouvés leur succéderaient dans leur ministère. » (Cor XLIV, 1)
b) Ignace d ‘Antioche (mort en 110), disciple de l’Apôtre saint Jean, témoigne qu’à la tête de la communauté d’Asie Mineure et jusque dans les régions les plus lointaines (Eph, III, 2), un seul évêque dirige chaque communauté, au point de vue religieux et disciplinaire.
« Personne ne doit faire sans l’évêque ce qui revient à l’Église. Chaque Eucharistie ne vaut régulièrement qu’accomplie sous la présidence de l’évêque ou de celui qui en a été chargé par lui. Partout où l’évêque se montre, que soit le peuple, de même qu’où est le Christ se trouve l’Église catholique. Celui qui honore l’évêque est honoré de Dieu, celui qui accomplit quelque chose sans l’évêque sert le diable. » (Smyrniotes, VIII, 1-2; II, 1).
c) C’est ici que paraît pour la première fois le terme « catholique ». Le mot vient du grec « katholicos » ( = général, universel, pour tous). A partir de 150, le mot devient de plus en plus populaire. Cyrille de Jérusalem explique que le mot « catholique » est le nom propre de cette « sainte Église notre mère à tous, qui est l’Épouse de Notre-Seigneur Jésus-Christ ».
d) Irénée (mort en 202) écrit que la garantie d’authenticité la plus grande de la vraie doctrine est la lignée ininterrompue des évêques depuis les Apôtres : « les évêques institués par les Apôtres et leurs successeurs jusqu’à nous ».
Deux conclusions :
1. — Pour être vraiment chrétien, il faut appartenir à l’Église fondée par le Christ. Cette Église, c’est l’Église catholique, puisque c’est elle qui a conservé jusqu’à aujourd’hui la hiérarchie instituée par le Christ.
2. — Les différentes communautés qui se disent « chrétiennes » mais qui se sont séparées de l’Église catholique au 16e siècle (les Protestants : Luthériens, Calvinistes, Anglicans, etc. ) ou qui sont nées ensuite chez les Protestants (Témoins de Jéhovah, Adventistes, Pentecôtistes, groupes évangélistes, etc.) ne peuvent en aucune manière être l’Église fondée par Jésus-Christ.
[D’après Zenetti, Apologétique de poche.]